Prière de Madame Elisabeth de France
Que m’arrivera-t-il aujourd’hui, ô mon Dieu, je l’ignore ?
Tout ce que je sais, c’est qu’il ne m’arrivera rien que Vous ne l’ayez prévu de toute éternité.
Cela me suffit, ô mon Dieu pour être tranquille.
J’adore Vos desseins éternels, je m’y soumets de tout mon cœur.
Je veux tout, j’accepte tout, je Vous fais le sacrifice de tout et j’unis ce sacrifice à celui de Votre cher Fils, mon Sauveur, Vous demandant, par son Sacré-Cœur et par Ses mérites infinis, la patience dans nos maux et la parfaite soumission qui Vous est due pour tout ce que Vous voudrez et permettrez.
C’est moins pour le Roi que pour son peuple que j’adresse au Ciel mes prières. Daigne le Ciel se laisser fléchir et jeter sur la France un regard de miséricorde.
« Ô Vierge sainte ! Vous avez toujours si spécialement protégé la France… Tant de monuments nous attestent combien elle vous a toujours été chère ! Et à présent qu’elle est malheureuse, et plus malheureuse que jamais, elle semble vous être devenue étrangère !… Il est vrai qu’elle est bien coupable !… Mais tant d’autres fois elle le fut, et vous lui obtîntes son pardon !… D’où vient donc qu’aujourd’hui vous ne parlez plus en sa faveur ?… car si vous disiez seulement à votre Divin Fils : « Ils sont accablés de maux », bientôt nous cesserions de l’être… Qu’attendez-vous donc, ô Vierge sainte ? Qu’attendez-vous, pour faire changer notre malheureux sort ? Ah ! Dieu veut peut-être qu’il soit renouvelé par nous, le vœu que fit un de nos rois pour Vous consacrer la France… Eh bien ! ô Marie, ô très Sainte Mère de Jésus-Christ ! Nous Vous la vouons, nous Vous la consacrons de nouveau ! Si cet acte particulier pouvait être le prélude d’un renouvellement plus solennel et public… Ou si plutôt elle pouvait retentir depuis le trône jusqu’aux extrémités du royaume, cette parole qui lui a attiré tant de bénédictions. Vierge sainte, nous nous vouons tous à Vous, mais le désir que nous en avons ne peut-il pas y suppléer ?… Mais les liens sacrés qui nous unissent à tous les habitants de ce royaume comme à nos frères, mais la charité qui étend nos vues et dilate nos cœurs pour les comprendre tous dans notre offrande, ne peut-elle pas donner à une consécration particulière le mérite de l’efficacité d’une Consécration générale ?… Nous Vous en prions, ô Vierge sainte !… Nous Vous en conjurons !… Nous l’espérons et, dans cette confiance, nous Vous offrons notre Roi, notre Reine et sa famille, nous Vous offrons nos princes, nous Vous offrons nos armées et ceux qui les commandent, nous Vous offrons nos magistrats ; nous Vous offrons toutes les conditions et tous les états ; nous Vous offrons surtout ceux qui sont chargés du maintien de la religion et des mœurs. Enfin, nous Vous rendons la France tout entière. Reprenez, ô Vierge sainte, vos premiers droits sur elle ; rendez-lui la Foi, rendez-lui votre ancienne protection, rendez-lui la paix. Rendez-lui, rendez-lui Jésus-Christ qu’elle semble avoir perdu. Enfin que ce royaume, de nouveau adopté par vous, redevienne tout entier le royaume de Jésus-Christ… Ainsi soit-il ».